Philippe Sureau, cofondateur de Transat A.T., accède au Temple de la renommée du tourisme canadien
Gens de l'industrie Jim Byers 14 mai, 2019

Ceci est le quatrième texte d’une série de cinq histoires qui visent à mettre en lumière la carrière des pionniers de l’industrie du voyage qui seront honorés au Temple de la renommée du tourisme canadien lors de la remise des prix Choix des lecteurs de TravelPulse Canada le 16 mai prochain. L’histoire d’aujourd’hui concerne Philippe Sureau, qui a fondé Transat A.T. avec François Legault et Jean-Marc Eustache (honoré au Temple de la renommée l’année dernière).
M. Sureau est par la suite devenu président et chef de la direction d’Air Transat. Il a également été président de l’Association du transport aérien du Canada et président de l’Association des agences de voyages canadiennes. Sureau est maintenant président du conseil d’administration de Tourisme Montréal.
« Peu de gens dans l’industrie peuvent rivaliser avec Philippe Sureau et l’impact que ce dernier a eu sur l’industrie du voyage », a déclaré le rédacteur en chef de TravelPulse Canada, John Kirk. « Nous sommes très heureux de lui rendre hommage en le nommant au Temple de la renommée du tourisme canadien. »
TravelPulse Canada a récemment discuté avec Sureau de ses débuts en tant que guide touristique en Indonésie, de l’impression que Sir Freddie Laker lui avait faite et de comment il s’est trompé avec le nom « Air Transat ».
TravelPulse Canada diffusera en direct l’événement à partir de la Steam Whistle Brewery de Toronto sur sa page Facebook le 16 mai prochain. Nous alimenterons également nos plateformes sociales en temps réel cette soirée-là; surveillez donc nos pages Twitter (@TravelPulseCA) et Instagram (@TravelPulseCA).
Qui a été votre plus grand mentor et qu’a-t-il fait pour vous aider dans votre carrière?
Je dois mentionner deux personnes qui ont vraiment inspiré mon parcours. Tout d’abord, Sir Freddie Laker à une époque où l’industrie aérienne était entièrement réglementée et placée sous autorité gouvernementale. Il fut vraiment le premier à tenter de changer les règles, à démocratiser le voyage et à offrir des options de voyage bon marché au public. Il fut vraiment une inspiration pour les jeunes dans l’industrie. C’était comme s’il disait : « Voici le chemin à prendre. Ce n’est pas comme British Airways, Air France ou American Airlines. » La deuxième personne, pour moi, est très différente, mais tout aussi inspirante; il s’agit de Serge Trigano du Club Med. Il a vraiment changé l’industrie en inventant le tout inclus. Il fut une véritable inspiration pour moi.
Quel est le meilleur conseil que vous ayez jamais reçu?
Je ne sais pas. Pour moi, c’est comme si Jerry Rubin (la figure de Yippie des années 60) avait dit : « Fais-le, fais-le. » Ne blâmez personne si cela ne fonctionne pas. Ne blâmez pas le gouvernement. C’est ce que dirait Jean-Marc (Eustache): « Vous ne pouvez pas attendre que les conditions soient parfaites. Faites-le. » Si vous attendez le moment idéal, cela ne se produira jamais.
Comment le rôle des agents de voyages a-t-il évolué au fil des ans et quel fut l’impact sur votre entreprise?
C’est très intéressant. Je me souviens très bien d’un de mes amis lorsqu’il embauchait dans son agence de voyages; il devait écrire le billet d’avion à la main. Une écriture manuscrite ferme et facilement lisible était importante pour imprimer le nom et la destination, le code et les tarifs. À présent? (Rires). C’est très étrange aujourd’hui, car le moyen le plus rapide de réserver un voyage est encore de passer par un agent. Les gens aiment rester chez eux un dimanche avec leur ordinateur, mais c’est une perte de temps. Un agent de voyages demeure le meilleur moyen de réserver un voyage, qu’il s’agisse de loisirs ou d’affaires. Les agents sont remplis de connaissances. Ils doivent avoir beaucoup voyagé et être un peu psychologues à leurs heures. Au moins 2000 personnes ont dit : « Dans cinq ans, les agents de voyages n’existeront plus. » Vingt ans plus tard, beaucoup de mes amis qui exercent ce métier gagnent encore très bien leur vie en tant qu’agents.
Quels ont été les principaux obstacles rencontrés dans votre carrière?
Le gouvernement. Je ne suis pas antigouvernemental; c’est une instance nécessaire dans de nombreux domaines. Mais dans mon secteur, le gouvernement a eu beaucoup de mal à réglementer ce qui n’était pas vraiment nécessaire de réglementer. J’étais responsable des affaires gouvernementales chez Transat. Nous avons passé beaucoup de temps à Ottawa à rencontrer des personnes charmantes et compétentes. Mais, ces derniers passaient l’essentiel de leur temps dans leurs papiers. Vous deviez leur expliquer les tarifs, la mécanique; c’était une perte de temps. Nous devions aussi leur donner des listes de passagers à l’avance. Aujourd’hui, il n’y a pas autant d’interférences. Nous pourrions aller beaucoup plus loin, mais dans l’ensemble, l’équilibre est bien meilleur. Nous avons également des défis avec les sociétés de cartes de crédit de l’Ontario et du Québec. Les grandes banques peuvent aussi être pénibles.
Quelle est l’importance pour un homme d’affaires de préparer la relève?
Je dois dire que je suis très chanceux. Chez Transat, j’ai pu former deux personnes. Pour un dirigeant, il est très agréable de voir quelqu’un s’épanouir et devenir un meilleur leader. Vous avez besoin de quelqu’un de charismatique et d’intelligent. Vous avez besoin de quelqu’un qui a la capacité de communiquer. Mais ils ne peuvent pas simplement être des vendeurs. Les marges sont très petites dans ce secteur. Vous devez donc savoir gérer une entreprise et connaître les chiffres avec exactitude. Un bon dirigeant possède le talent en matière de marketing et de charisme, mais sait également gérer une entreprise. Cela m’est arrivé deux fois de rencontrer une personne qui a ces capacités. Avec Nathalie Boyer, qui travaille maintenant pour Transat Distribution et avec Yves Lalumière, qui était auparavant chez Transat et qui est maintenant président et chef de la direction de Tourisme Montréal. J’ai été son patron deux fois dans ma vie. (Rires).
Avec le recul, y a-t-il quelque chose que vous feriez différemment? Avez-vous des regrets?
Je pense que nous avons manqué un peu le bateau et quand je dis cela, je ne veux blâmer personne, parce que les circonstances étaient difficiles après le 11 septembre, que les fonds étaient rares et qu’il fallait vraiment redresser les affaires de Transat. Mais à ce moment-là, on aurait pu nous associer à des personnes qui étaient à l’avant-garde du développement d’Internet à l’époque en matière de réservations en ligne. Une société que je connais, appelée Newtrade, a été achetée par Expedia. Nous aurions pu investir, mais c’était beaucoup d’argent pour nous à l’époque. Je pense que nous avons alors raté l’occasion de devenir un acteur mondial des ventes en ligne.
Si vous ne deviez conserver qu’un seul souvenir de votre carrière, de préférence quelque chose de comique, quel serait-il?
J’en ai deux. Le premier est lorsque nous avons lancé Transat. J’étais responsable de trouver le nom. J’étais certain que Transat était un nom bilingue. Je n’ai appelé personne ni demandé à qui que ce soit. Pour moi, c’était une évidence. En français, il s’agit d’une version abrégée de « Transatlantique ». Mais « Transat » ne veut rien dire en anglais. Pendant des années, les habitants de Toronto l’appelaient « Air Transit ». Ce n’était pas particulièrement drôle parce que c’était mon erreur. Mais maintenant, les gens savent. Mon autre histoire remonte aux années 1990, peut-être en 1995, lorsque nous avons effectué un voyage avec Club Voyages à Cuba. Nous transportions 360 personnes avec nous. Si l’on avait eu un accident, nous aurions presque détruit l’industrie au Québec. (Des rires). Quoi qu’il en soit, c’était très amusant. KLM était également commanditaire de Club Voyages et cela ne nous dérangeait pas de travailler avec eux, parce que l’on avait une idée. Au milieu du vol à destination de Cuba, nous avons annoncé que l’avion avait été détourné et que nous allions en Hollande. Les agents de bord portaient des chapeaux et des épingles KLM, ils les ont donc mis et nous avons servi des bières Heineken et un repas KLM. Vous ne pouvez pas faire ce genre de chose aujourd’hui. Mais c’est un beau souvenir dans ma carrière.
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