Femmes de l'industrie du voyage: Louise Fecteau

Diplômée du Collège de tourisme de Québec en gestion d'agences de voyages (promotion 1984), Louise Fecteau directrice générale de Transat Distribution Canada (TDC), est l'une de ces femmes ayant particulièrement réussi dans l'industrie. Nous vous présentons son parcours professionnel ainsi que quelques-uns des moments forts ayant ponctué sa carrière.

Célébrant 25 ans de carrière chez Transat, celle qui remplace, depuis août 2019, Nathalie Boyer à la tête de TDC, l'un des plus importants réseaux d'agences de voyages au pays, voulait d'abord devenir enseignante, mais sa fibre entrepreneuriale a rapidement pris le dessus. Elle a bifurqué vers le tourisme, un domaine qui l'attirait à la base pour l'attrait de voyager. Rapidement, elle s'est rendu compte qu'elle voulait être en affaires et avoir sa propre business.

«À l'époque, je devais me diriger en enseignement, mais ma mère est tombée gravement malade, raconte-t-elle. J'étais en Beauce et j'ai dit : "en attendant, je vais aller suivre une formation en tourisme, parce que c'était beaucoup plus court et je devais rester proche de la maison pour être auprès de ma mère." Il aurait fallu que je déménage pendant 3-4 ans à Québec à l'époque pour suivre ma formation en enseignement et je ne pouvais pas, alors j'ai dit : "je vais attendre et reporter le projet", mais finalement, je ne l'ai jamais fait.»

Elle est allée suivre son cours en tourisme au Collège de tourisme de Québec, qui aujourd'hui, n'existe plus. «À l'époque c'était chapeauté par Bernard Beauchamp, qui était chez Tours Chanteclerc. Après mon cours, j'ai commencé à travailler comme conseillère chez Intair Voyages, en Beauce, pendant cinq ans et, très vite, au fil des ans, j'ai acheté trois agences Club Voyages avec quelqu'un d'autre, qui n'est plus dans le domaine aujourd'hui. C'est comme ça que j'ai commencé: en tant que copropriétaire d'agences.»

Entretemps, Louise fait une rencontre décisive dans un avion, celle de son conjoint, qui travaillait pour Air Canada à l'époque. Elle le rencontre sur un vol Montréal-Orlando d'Air Canada alors qu'ils sont assis l'un à côté de l'autre. «Le pire, c'est que je ne devais même pas m'assoir là! raconte-t-elle. Quelqu'un est venu me voir pour me dire : "ma famille est là, est-ce que vous pourriez changer votre carte d'embarquement?" J'ai dit oui, car j'étais seule et je me suis retrouvée assise à côté de lui.»

Cette rencontre change sa vie et la pousse à vendre ses agences et déménager à Laval, pour être avec son conjoint. Des années plus tard, elle ne regrette pas sa décision, car elle forme encore un couple avec lui et ils sont mariés depuis 25 ans. «N'eût été cette rencontre, je serais peut-être encore en Beauce et j'aurais probablement acheté d'autres agences», confie celle qui s'est toujours vue comme entrepreneure et qui a adoré diriger des agences.

«Quand je suis déménagée à Laval, je voulais racheter des agences, mais dès que je suis déménagée, je suis venue travailler pour TDC (anciennement Consultour) dans une agence qui leur appartenait avec l'idée d'acheter l'agence, mais au fur et à mesure, ils m'ont donné plein de nouveaux défis et de responsabilités. Ils m'ont emmenée au siège social de Transat… je n'ai donc jamais racheté, ç'a déboulé.»

«Déboulé», c'est le cas de le dire, car les postes importants se sont enchaînés pour Louise, qui n'a jamais quitté Transat depuis. Après avoir œuvré pendant six ans comme chef d'agence chez Club Voyages Mer et Monde à Laval, Louise débarque au siège social de Transat en 2000, où elle occupe le poste de chef de la commercialisation de Consultour pendant trois ans. Par la suite, elle devient chef régional pour la région du Québec pendant deux ans, puis directrice de l'exploitation et du service aux membres pour la région du Québec pendant cinq ans.

L'un des moments forts de sa carrière a sans contredit été son passage chez Tours Mont-Royal (TMR) en 2012. Transat venait d'acheter le voyagiste et il y avait un poste d'affiché aux ventes et au marketing.

«C'est vraiment moi qui ai levé la main et qui suis allée voir Yves Lalumière à l'époque pour lui dire que je voulais aller chez TMR. J'ai dit : "moi je veux comprendre le volet T.O." J'ai besoin de comprendre ça et pour moi, cela a été la plus belle école chez TMR, car c'était un petit fournisseur donc j'ai été capable de toucher à beaucoup de volets et d'apprendre rapidement. Cela a vraiment changé ma vie, car je suis passée du côté des tour-opérateurs, moi qui n'avais aucune expérience dans ce domaine à l'époque.»

Louise Fecteau a occupé le poste de vice-présidente des ventes et du marketing de TMR pendant deux ans, puis, lorsque le voyagiste a fusionné avec Transat, elle est repassée du côté de la distribution, cette fois, en tant que directrice de la commercialisation de Transat Tours, de 2014 à 2019, avant d'accepter de remplacer Nathalie Boyer en août dernier comme directrice générale de TDC.

Sa place en tant que femme

Contrairement à d'autres femmes interrogées dans le cadre de cette série d'articles, Louise Fecteau n'a jamais senti que le fait d'être une femme l'a empêchée d'avancer ou favorisée dans sa carrière.

«Je n'ai jamais senti que j'étais privilégiée ou non car j'étais une femme, encore moins chez Transat. Le voyage est une industrie de femmes, donc est-ce qu'il y a eu une évolution? Oui, depuis le temps, probablement qu'il y a plus de femmes à la tête de la direction d'entreprises que dans les années 1980. Annick Guérard en est un bel exemple. Chez Transat, il y a plein de femmes qui occupent des postes de direction, telles que Geneviève LeBrun et Lina De Cesare à l'époque, cofondatrice.»

«Ça reste que oui, même s'il y a eu une évolution, il y a toujours place à avoir plus de femmes dans des postes de direction, mais je te dirais qu'il y en a quand même pas mal. C'est une industrie dans laquelle c'est plus naturel de voir des femmes dans des postes de direction, en comparaison avec d'autres, qui sont un peu plus des "boys clubs".»

Lorsqu'on lui demande quelle est la clé de son succès, Louise Fecteau répond sans hésiter : travailler fort, savoir s'entourer d'une équipe compétente, et… lever la main et se manifester quand il le faut.

«C'est important de le dire quand on veut quelque chose et de ne pas attendre que les choses se manifestent par elles-mêmes. Il n'y a pas de cadeau du ciel. Souvent les gens se demandent : "pourquoi ils n'ont pas pensé à moi pour un tel poste?", alors qu'ils n'ont même pas manifesté leur intérêt envers le poste. Même si le poste n'est pas disponible, tu dis à ton supérieur : "moi, dans quelques années, c'est là que je voudrais être." Déjà, quelqu'un sait que tu es intéressé; c'est toujours mieux que si tu ne le dis pas.»

«La journée où j'ai levé la main pour dire : "moi je veux aller chez TMR parce que je veux apprendre autre chose", je savais que je prenais un risque, car j'aurais pu me planter. J'ai insisté sur le fait que je voulais aller chez TMR malgré le fait que je ne connaissais pas beaucoup le domaine des T.O. Je voulais apprendre, mais je savais aussi que je voulais apporter d'autres expertises à l'entreprise.»

«Je pense que tout le monde a la capacité de réaliser ses rêves, mais il faut être capable de dire ce que l'on veut, d'agir en conséquence et de poser les bons gestes.»

Outre son passage chez TMR, une réalisation qui rend Louise particulièrement fière est le fait d'avoir contribué à implanter les frais de service dans les agences de voyages dans les années 1990.

«J'ai commencé à former les conseillers en voyages sur l'importance de facturer des honoraires professionnels pour leur temps en 1996. On a fait ça dans tout le réseau de TDC au Québec et c'est moi qui ai mis ce projet en place. Encore aujourd'hui, les conseillers ont des formations à ce sujet; je suis vraiment fière de cela. Sinon, en général, ma capacité à m'entourer de bonnes équipes, cela serait ma plus grande fierté», conclut celle qui croit aujourd'hui plus que jamais à l'importance et en l'avenir des conseillers en voyages.